En manteau rouge, le matin traverse la rosée qui sur son passage paraît du sang. Ou Ham. and Ex. by William Shakespeare (de Will

Oubliez les longues tirades pleines de vibratos qui déchiraient l’air d’un « to be or not to be » crépusculaire. Oubliez les longs silences entre chaque phrase qui semblaient parfois des absences. Le metteur en scène Matthias Langhoff a compris que dans tout vrai drame, le rire et la musique sont souvent là pour battre la mesure de ce qui va arriver et qui est inévitable. Le destin. La fin de l’histoire et du héros qui s’y débat.

Avec cette mise en scène pleine d’invention scénique et visuelle, dites-vous bien que vous n’avez pas encore vu Hamlet. Il y a du piano, de la trompette, un orchestre et des tables, des acteurs qui fument des cigarettes, des chants de cabaret, des danses, des hommes en costard-cravate. Il y a le fantôme du père habillé de quelques morceaux d’une antique cuirasse. Votre regard se promènera dans un jeu de trappes et de décor tournant, de lumière et de vidéo. Votre œil se promènera dans le château, scène ouverte et sans véritable limite. Vous entrez dans le château en entrant dans le théâtre. Oubliez que vous êtes spectateurs. Vous êtes un fantôme qui lorgne sur les petites affaires des hommes et vous allez descendre lentement, avec fanfare et trompette, dans la folie du prince du Danemark.

Que l’on se rassure, il n’est pas question ici de donner dans une version chaotique de la pièce, avec une foule d’effets qui auraient pu nuire au propos. Bien au contraire. Tout reste d’une extrême cohérence : une mise en scène précise menée par la langue et le talent des acteurs jusque dans les rôles qui semblent les plus anodins. Avec cette version, Hamlet ne fait plus partie des classiques. C’est à nouveau une pièce de théâtre.

Tarik Noui

Jusqu’au 6 décembre au Parvis Saint-Jean, à Dijon.

Horaires et tarifs : www.tdb-cdn.com et 03 80 30 12 12.